Meilleur-GF.com a discuté avec Laurence Farin, Directrice associée à la société de gestion de portefeuille France Valley. Un entretien exclusif pour explorer l'évolution du marché forestier au cours des dernières années.

La forêt : un secteur en déficit connaissant une forte croissance

Transcription de l’entretien avec Laurence Farin

En remontant un peu le temps, déjà avant la pandémie de Covid, nous avions remarqué qu'un grand nombre d'industries modifiaient leurs habitudes de consommation en faveur de matériaux biosourcés.

Que ce soit dans le secteur de la construction, qui tend à réduire son utilisation de béton et d’acier, matériaux plus polluants, pour se tourner davantage vers le bois.

Il en va de même pour le remplacement du plastique et des produits à usage unique, le développement du e-commerce, et l'énergie, où l'on cherche de plus en plus à se libérer du pétrole vers des solutions comme le chauffage au bois, aux granulés, etc.

Il y avait déjà une demande de plus en plus accrue.

Ensuite, la pandémie a surgi, accélérant les changements de modes de consommation et sensibilisant davantage à l'importance de pratiques plus écologiques et responsables.

Naturellement, cela a exacerbé la demande, face à une offre limitée. D’abord, parce que la forêt est un actif restreint.

De plus, au-delà de cet aspect géographique, un arbre met – selon les essences – entre 70 et 100 ans à croître, à atteindre sa maturité et être exploitable.

Par conséquent, il existe une offre très limitée face à une demande en constante augmentation.

Nous avons ensuite été confrontés à la guerre en Ukraine, engendrant deux répercussions.

Premièrement, le gel des échanges avec la Russie a réduit l'importation de bois russe. Or, la Russie possède la plus grande forêt du monde.

Bien que l'Europe ne soit que modérément dépendante de ce bois russe, cela a tout de même restreint davantage une offre déjà déficitaire.

Deuxièmement, il y a eu un gel des importations de gaz russe. Le gaz étant une matière première et source d'énergie, son absence nous incite à nous tourner vers d'autres solutions, comme le bois.

Cela élargit encore le déficit sur ce marché.

Mécaniquement, cela se reflète sur les prix, et le bois voit sa valeur augmenter, ce qui entraîne également une hausse indirecte des prix des forêts.

Cela commence à se répercuter sur nos fonds, car le GFI Patrimoine, notre principal fonds avec 240 millions d'euros de capitalisation, a vu une revalorisation de son prix de part de 1 % début janvier. Et cette même année 2022, nous avons constaté une seconde évolution de 4,95 % en juillet.

Laurence Farin, Directrice associée à la société de gestion de portefeuille France Valley

Nous entamons donc cette hausse des prix de part, et vu les changements de mode de consommation et l'accélération de ce marché, nous croyons que cela n'est pas sur le point de s'arrêter !

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